La peur est un sentiment auquel tout mouvement social doit faire face, que ce soit dans un contexte de répression sévère ou dans des sociétés relativement ouvertes. Parlant de la peur sous la dictature de Pinochet, le sociologue chilien Manuel Antonio Garretón a fait référence à deux peurs typiques de l’enfance : la peur du chien qui mord et la peur du noir. La menace particulière que l’on peut voir, évaluer et arriver à gérer, et la menace générale de l’inconnu, d’une pièce où quelque chose de méchant nous attend peut-être. Sous une dictature ou une occupation, la peur est palpable, mais il y a toujours des périodes où, d’une manière ou d’une autre, les gens surmontent cette peur et agissent. Dans des sociétés relativement ouvertes, les peurs ne sont pas forcément aussi évidentes, mais elles sont bien là, contribuant toujours d’une manière ou d’une autre à maintenir obéissance et conformité, à empêcher la remise en question de l’autorité ou, quelques fois, à nous empêcher simplement d’être ce que nous voulons être.