Manifeste pour la Paix en Angola

Le fusil brisé, Mai 2001, n° 49, dans le cadre de la Journée internationale des objecteurs de conscience : accent sur la question de l'Angola.

« Le peuple angolais veut une paix durable, une justice sociale, une bonne gouvernance et le droit à la citoyenneté, ainsi qu'un respect mutuel pour la diversité des peuples et des cultures, ce qui forme le projet de la Nation angolaise. Cela représentent les principes fondamentaux pour l'établissement d'un terrain d'entente parmi le peuple angolais. En substance, ces principes sont la fondation d'une révision en profondeur du concept de la Nation et la valorisation des citoyens angolais.

Ainsi que la définition consensuelle d'une vision pour l'Angola et son chemin vers le futur.

Malheureusement, la guerre est toujours utilisée contre le peuple angolais.

Alors que, dans le même temps, ceux qui détiennent le pouvoir pillent les richesses du pays, en collaboration avec d'audacieuses personnes de l'extérieur et des pays étrangers. Le pétrole, les diamants et leurs salaires sont les principales sources de convoitise par les chefs d'Etat, l'opposition armée et les multinationales pétrolières. Tout cela avec la complaisance de pays comme les Etats-unis, la France, l'Angleterre, le Brésil, la Russie, le Portugal et l'Afrique du Sud. Plutôt qu’être après les intérêts économiques et politiques immédiats, ces pays pourraient diriger leurs efforts vers des valeurs, contribuant, dans ce sens, à la réconciliation des Angolais.

La guerre en Angola ne pourra se terminer que lorsque la société civile, le peuple en général, va réaliser qu'il n'y a pas de solution militaire définitive pour le conflit angolais. Les citoyens doivent se rendre compte du processus de destruction dans lequel ils sont les cibles, et par la suite revendiquer leurs vies et leur dignité. Ce qui est encore plus dangereux, à cet égard, est que réduire au silence les armes ne va en aucun cas signifier, dans le contexte angolais, la fin de la guerre. La mentalité, tout particulièrement celle des politiciens, dirigée par des intérêts égoïstes, est encore plus armée que les armées qui sont sous leurs ordres.

Dans la cas de l'Angola, la paix a toujours été perçue comme la fin des combats, le désarmement et la démobilisation des soldats. Cette vision, surtout nourrie par quelques institutions étrangères et émotions internes, n'est guère plus qu'un tranquillisant pour ceux qui recherchent désespérément la véritable paix.

Et un festin pour ceux qui bénéficient personnellement de la paix immédiate pour en tirer profit et pour se positionner stratégiquement et géopolitiquement dans la poursuite des richesses angolaises.

Nous avons atteint le stade maximum de souffrances, humiliation sociale et perversion totale de l'exercice du pouvoir. En conséquence, nous en sommes arrivés à la conclusion – une conclusion difficile, car elle est élémentaire et évidente en dépit d’être consensuelle – que nous, le peuple angolais, devrions développer un terrain d'entente sur les raisons ainsi que les conséquences du conflit militaire et politique auquel nous faisons face. Il est essentiel que nous, le peuple angolais, reconnaissions avec courage et détermination, que nous sommes tous responsables de la dévastation politique et militaire. Ainsi que du chaos social et économique du pays, que ce soit de manière active ou passive. Nous devons également reconnaître les erreurs et les sérieux abus qui ont été commis par notre faute au cours de nos événements historiques.

Nous, le peuple angolais, devrions assumer entièrement la responsabilité en matière de solution à nos propres problèmes. Nous devrions cesser de blâmer l'héritage colonial et/ou des tiers pour nos doléances. C'est de l'apitoiement sur nous-mêmes et une façon de nous auto-attester un certificat d'inaptitude que de systématiquement recourir à une intervention extérieure pour résoudre notre conflit national.

Avant d’être au bord de la suffocation générale de la société angolaise, le moment est venu pour nous d'agir avec persévérance, avec une attitude pacifique, courageuse et modérée, afin de venir au secours du trésor le plus recherché et méritoire pour les angolais : la Paix par le Dialogue. Le peuple angolais défend la paix dans ce sens, tandis que les belligérants partent du principe que cette guerre est la manière d'arriver à la paix, même si cela implique l'humiliation d'une partie de la nation par l'autre, puisque cette guerre n'a aucun sens patriotique.

Par conséquent, nous, citoyens angolais, demandons que :

1. Le gouvernement, UNITA et FLEC respectent un cessez-le-feu immédiat, sur l'ensemble du territoire national,

2. L'ouverture urgente de voies de communication officielles entre les belligérants, à travers la médiation de la société civile organisée,

3. L'ouverture immédiate de couloirs humanitaires pour assister les personnes touchées par la guerre, en particulier dans les compagnes.

4. Le gouvernement et l'UNITA, en co-responsibilitée, incluent l'assistance aux personnes démunies dans leur budgets militaires, plutôt que de transférer le fardeau, de leur propre guerre contre la nation angolaise, à la communauté internationale.

5. La mise au point d'un calendrier et programme de négociations pour la paix, par le gouvernement (MPLA), l'opposition armée (UNITA et FLEC) et la société civile organisée, pour le règlement définitif des causes du conflit angolais.

6. La mise en place, sur l'ensemble du pays, de conditions pour l'inclusion et la participation sans danger d'angolais dans le Processus de Dialogue National pour la Paix,

7. Le gouvernement et l'UNITA incluent dans leur budgets militaires les fonds nécessaires pour instaurer la paix, avec patriotisme et dignité. Car, s'il y a suffisamment d'argent pour maintenir la guerre, alors il devrait y avoir également suffisamment d'argent pour parvenir efficacement à la Paix.

Nous avons décidé de nous battre avec persistance et détermination pour la réalisation totale de nos demandes et de travailler activement pour l'établissement d'une paix durable en Angola, à travers une vision patriotique de justice sociale et d'équité nationale.

Luanda, Juin 1999 »

(**Contact en Angola: "Manifesto para Paz em Angola", GARP (Grupo Angolano de Reflexão para a Paz), C.P. 6095 Luanda - República de Angola, Fax +244 2 - 340409 or 394865; E-mail: fivilopes@hotmail.com or dantonzi@ebonet.net)

Organisateurs et liste des signataires initiaux (Nom, Age, Profession): Daniel Ntoni-Nzinga (53, Pasteur); Carlinhos ZASSALA (52, Professeur de l'enseignement supérieur); Ana da Concecion Pedro Garcia (41, Syndicaliste/Economie ..); Gaspar João Domingos (38, Pasteur évangélique); Francisco Filomeno Vieira Lopes (44, Economiste Sonangol); Rafael Marques (28, Journaliste); N. Luisa C. Rogeiro (31, Journaliste)

Ce manifeste est soutenu par War Resisters' International]

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