Motion sur le conflit de Bastar (Chhattisgarh, Inde)

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Nous, membres de l'Internationale des résistant-e-s à la guerre (IRG), ainsi que tous les participant-e-s à la conférence triennale qui s'est tenue à Ahmedabad du 22 au 25 janvier 2010, avons abordé, dans le cadre de nos débats, la situation actuelle dans la région de Bastar (État du Chhattisgarh).

Nous sommes gravement préoccupé-e-s par la crise humanitaire sans précédent à laquelle est confrontée la population autochtone de cette région, à majorité tribale, suite au conflit armé qui se poursuit dans cette zone depuis l'été 2005 entre, d'une part, l'État indien et Salwa Judum (une milice armée soutenue par l'État) et, d'autre part, le Parti communiste de l'Inde (CPI, maoïste). Jusqu'à présent, plus d'un millier de personnes ont été tuées, plus d'une centaine de femmes ont été violées, plusieurs centaines de villages ont été incendiés et au moins 100 000 personnes déplacées de leurs foyers, de leurs terres et de leurs forêts ; l'ampleur de ces déportations les fait considérer comme les plus importants « déplacements internes » s'étant produit en Inde sur une période récente. La guerre civile qui s'est ensuivie a encore appauvri ces populations déjà reconnues, dans les statistiques du gouvernement, comme les plus pauvres parmi les pauvres, et leur a provoqué d'immenses et inconcevables souffrances.

Au lieu de prendre connaissance des différents rapports sur la situation du terrain rédigés par des organisations nationales et internationales s'occupant des droits de l'homme, par des journalistes, divers organismes sociaux ou des commissions gouvernementales, au lieu d'appliquer les décisions de la Cour suprême et d'apporter une réponse permettant que les droits fondamentaux et la sécurité des personnes soient protégés conformément à la Constitution de l'Inde et aux pactes internationaux dont l'Inde est signataire, l'État a choisi la voie d'une militarisation accrue en engageant l'opération Greenhunt/Trishul en 2009. Celle-ci a entraîné une nouvelle vague de violence et de déplacements dans la région. Cette « guerre » ne se limite pas aux seuls combattants : le plus souvent, elle prend dans ses filets les citoyens ordinaires des villages de l'intérieur des forêts, tenus sans exception pour « maoïstes ». Les maoïstes, quant à eux, répondent de semblable façon, ce qui conduit à une spirale de violence sans fin. L'espace démocratique pour toute forme de désaccord ou de dissidence, même fondamentalement non-violente, est désormais minimal dans une zone où quiconque parlant de droits et de justice est considéré avec suspicion. L'exercice de la démocratie dans la région et l'ensemble de l'État se voit donc sérieusement compromis.

L'IRG s'engage à promouvoir la transformation sociale non-violente. Nous pensons que la non-violence est une valeur importante qui doit être respectée non seulement par les membres d'une société mais, aussi, par les gouvernements. Combattre la violence par plus de violence, qu'elle soit structurelle ou révolutionnaire, ne fait que conduire à la mort et à la destruction. Dans l'intérêt des citoyen-ne-s ordinaires de cette région, nous appelons les deux factions à recourir à des moyens non-violents pour la résolution du conflit.

Nous exigeons que :

  1. Les deux parties annoncent immédiatement et respectent un cessez-le-feu suivi d'un dialogue.
  2. Tous les efforts soient faits pour garantir le retour en toute sécurité des personnes affectées à leurs maisons, à leurs terres et à leurs forêts.
  3. Le gouvernement respecte l'« état de droit » et n'emploie que des moyens légaux pour traiter avec les maoïstes.
  4. Le CPI (maoïste) respecte les normes internationales applicables aux conflits similaires, comme la convention de Genève, ainsi que les droits consacrés par la Déclaration universelle des droits de l'homme.
  5. La loi de sécurité publique (Public Security Act) du Chhattisgarh, adoptée en 2005, soit abrogée.

Ahmedabad, le 25 janvier 2010

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