Colombie : une stratégie d'accompagnement réussie libère des objecteurs de conscience du service militaire

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Menaces de mort contre l'association membre de l'IRG, Red Juvenil, après le succès de « Antimili Sonoro XIV »

Ça n'arrive pas souvent que nous ayons de bonnes nouvelles à donner de Colombie, mais ce mois-ci c’est le cas ( parmi quelques mauvaises nouvelles – mais les bonnes d'abord ) .

Il y a deux mois, deux objecteurs de conscience colombiens qui avaient été recrutés illégalement en janvier et février ont été libérés par l'armée, bien qu'il n'y ait aucune reconnaissance du droit à l'objection de conscience.

Diego Alexander Pulgarin a été recruté le 5 janvier à la gare routière nord de Medellín. Il s'est déclaré objecteur de conscience aussitôt recruté, et il a refusé totalement d'exécuter les ordres.

Diego Yesid Bosa Rico, qui a été recruté le 23 février 2008, a été libéré de l'armée après plusieurs semaines, dont un temps de grève de la faim pour protester contre les faux documents établis par l'armée ( lire Objo-Infos n°37, mars 2008 ) .

Dans les deux cas, un fort soutien local, comprenant des actions directes non-violentes, combiné avec un soutien international, ont contribué à la libération de ces objecteurs de conscience.

Néanmoins, ceci n'a pas contribué à la reconnaissance du droit à l'objection de conscience par l'armée colombienne, et dans les deux cas, l'armée a utilisé d'autres raisons pour se débarrasser de ces deux « soldats » problématiques et de mauvaise volonté. Tous deux courent le risque d'être à nouveau enrôlés.

Comme nous l'avons déjà écrit dans cette lettre d'information, depuis le début de 2008 le travail de recrutement de l'armée colombienne a augmenté, ce qui conduit à plus de rafles dans les rues. Pendant la visite de l'Internationale des résistantEs à la guerre en Colombie, nous avons assisté à deux rafles à Bogotá, l'armée contrôlant les papiers militaires des gens et conduisant ceux qui n'avaient pas de livret militaire dans un camion qui les emmenait à la caserne ( voir les photos ) . Le 20 mai, qui est aussi une journée importante de recrutement « régulier » , nous avons aussi pu voir des militaires abordant des minibus pour contrôler le livret militaire des jeunes hommes. Cette forme de recrutement constitue une violation grave des droits de l'homme ( droit à la liberté - article 9 ICCPR, droit à la liberté de mouvement – article 12 ICCPR ) , mais c'est une pratique courante en Colombie. Malgré cela, même pendant le recrutement « régulier » , un très grand nombre d'irrégularités et de violations des droits de l'homme lieu sur une base prétendue légale.

Le 20 mai, Accion Colectiva de Objectoras y Objectores de Conciencia ( ACOOC ) de Bogotá n'a pas seulement accompagné l'objecteur de conscience Alvaro Pena ( lire Objo-Infos n° 37, mars 2008 ) au bureau de recrutement, ce groupe a également diffusé une information sur les possibilités d'exemption ou de report du service militaire, et a aidé les familles des personnes recrutées à rédiger des réclamations. Ça a été une action réussie, qui a permis de donner une idée du niveau des irrégularités dans le processus supposé légal de recrutement.

Plus d'informations – et de plus dures – peuvent être données à propos de l'objecteur de conscience Alvaro Pena, qui s'est à nouveau présenté le 20 mai. Sa situation est devenue plus compliquée, parce que les militaires l'ont alors déclaré déserteur, en se basant sur le fait que son nom était sur la liste de ceux qui ne se sont pas présentés en février 2008. Sauf que dans le cas d'Alvaro Pena, il lui avait été demandé par les militaires de signer ce registre, sa rubrique portant ainsi sa signature – preuve qu'il devait avoir été présent en février.

Bien qu'Alvaro Pena n'ait à nouveau pas été enrôlé le 20 mai, il a de nouveau passé un jour entier à l'armée, et a été seulement autorisé à partir à la fin de la journée, CETTE FOIS SANS AVOIR RIEN À SIGNER, CE QUI VEUT AUSSI DIRE QU'IL N'AURA AUCUNE PREUVE QU'IL s'est effectivement présenté. Il lui a été demandé de revenir le 4 juin, pour régler sa situation de déserteur – mais il n'a pas été non plus possible ce jour-là d'apurer cette situation.

Il semble que l'armée joue avec le temps, et cherche à user Alvaro Pena, qui est maintenant dans une situation où il ne peut pas prévoir l'avenir. Cependant, le bon côté de la situation est que l'armée semble éviter la confrontation ouverte avec un objecteur de conscience publiquement déclaré, sachant que ça pourrait conduire à un autre problème de droits de l'homme – et l'armée en a plus qu'assez.

Une plus mauvaise nouvelle doit être annoncée. L'Internationale des résistantEs à la guerre est très inquiète des menaces de mort reçues par Red Juvenil, membre de l’IRG. La semaine dernière, Red Juvenil a reçu des menaces de mort signées « Aguilas Negras » ( Les Aigles Noirs ) , un nom communément utilisé par des paramilitaires supposés démobilisés.

Jeudi 29 et vendredi 30 mai, Red Juvenil de Medellin a reçu le message suivant de redesnegras@hotmail.com : « Mort aux anarchistes déguisés en pacifistes. Plus de concerts de drogués et de communistes. Dernier avertissement. »

Les menaces étaient destinées nominativement à huit membres et proches amis de Red Juvenil, et signées Aguilas Negras.

Dans une déclaration sur ces menaces de mort, l'IRG écrit : « l'Internationale des résistantEs à la guerre est inquiète de la négligence des autorités de Medellín qui permettent la réémergence de groupes comme Aguilas Negras, apparemment constitués d'anciens paramilitaires, et de la menace qu'ils font peser sur les droits de l'homme à Medellín et sur des groupes de jeunes comme Red Juvenil. L'Internationale des résistantEs à la guerre rappelle aux autorités de Medellín et de Colombie que la prévention des violations des droits de l'homme par des groupes comme Aguilas Negras est une de leurs responsabilités, et qu'elles seront rendues responsables de leur inaction si Aguilas Negras met à exécution ses menaces de mort contre les militants nommément visés de Red Juveni>>l.

« L’Internationale des résistants à la guerre exprime son profond soutien et sa solidarité avec son organisation affiliée Red Juvenil et avec ses militants, qui promeuvent dans des circonstances difficiles la non-violence comme un moyen de résister au militarisme et à la violence dans la société colombienne, et refuse de participer à aucun groupe armé, qu'il soit légal ou illégal. »

Sources : Red Juvenil de Medellín : El objector reclutado Diego Alexander Pulgarin esta ahora fuera del ejercito, avril 2008

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