Nonviolence Handbook

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Durée : 20 minutes.

Objectif ou visée de l'exercice : transmettre l'approche non-violente fondamentale du pouvoir – le fait que le pouvoir provient de l'obéissance rendue, et qu'il existe plusieurs sortes de sources de pouvoir. Cet exercice peut être utilisé conjointement avec « Qui a le pouvoir à l'école ? ».

Mode d'emploi / Notes pour la facilitation

Il vous faudra : un tableau de conférence, des feuilles de papier et des crayons.

Demandez aux personnes de travailler par paires. Demandez-leur de dresser une liste de toutes les raisons pour lesquelles, lorsqu'un/e professeur/e dit à sa classe d'ouvrir un livre à la page 3 et de faire l'exercice n° 1, les élèves s'exécutent. Laissez environ 5 minutes pour cette étape.

Écrivez ensuite une liste de l'ensemble des propositions, en en prenant une tour à tour dans les suggestions de chaque paire, jusqu'à la dernière. Laissez des espaces libres entre chaque élément. Servez-vous de la liste pour brosser un tableau des principales sources de pouvoir (en en débattant) et mettez en évidence la conclusion fondamentale : le pouvoir de quelques-uns dépend de l'obéissance de tous les autres.

La liste comprendra probablement : Peur d'être puni (sanctions) Souhait d'avoir de bons résultats aux examens (stimulants) Parce que Mlle Dupont est tellement gentille (charisme) Parce que c'est comme cela qu'on fait à l'école (tradition sociale, habitude) Parce que les professeurs ont le droit de demander ce genre de choses (légitimité) Parce que tous les autres le font (poids du conformisme) Parce que Mlle Dupont sait des choses qui m'intéressent (connaissance, compétences) L'idée de l'argent ou des moyens financiers comme sources du pouvoir n'apparaîtra vraisemblablement pas. En revanche, une raison comme « Parce que j'y trouve mon intérêt » modifie la dynamique du pouvoir, la/le professeur/e devenant alors un moyen pour que l'élève atteigne son objectif.

Notes pour les formatrices/-teurs

Il se peut que des professeurs, notamment, protestent en disant que le travail à l'école est un processus de coopération et d'échanges, mais l'analyse présentée ici a été confirmée et validée en de nombreuses occasions.

Cet exercice provient du site Web de Turning The Tide : http://www.turning-the-tide.org/resources/manual/powerchange#full_list.

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La façon de préparer ses actions est un défi à relever pour tout mouvement non-violent. Depuis l'occupation en 1976 aux États-Unis de la centrale nucléaire de Seabrook, dans le New Hampshire (voir « Seabrook-Wyhl-Marckolsheim », p. ), un certain nombre de campagnes non-violentes en Occident ont privilégié le recours à un modèle de groupe d'affinité associé à un processus de prise de décision par consensus. Cette section du manuel présente cette modalité.

Groupes d'affinité

Les « groupes d'affinité » sont des groupes autonomes comprenant de 5 à 15 personnes. En ce sens, un groupe d'affinité est un groupe de personnes qui n'éprouvent pas seulement de l'affinité les unes envers les autres, mais qui connaissent aussi leurs forces et leurs faiblesses respectives et se soutiennent mutuellement lorsqu'elles participent (ou ont l'intention de participer) ensemble à une campagne non-violente. Les groupes d'affinité et les conseils de porte-parole (voir p. ) récusent le mode de prise de décision fondé sur la hiérarchie et la domination ; ils organisent et autonomisent celles/ceux qui s'impliquent dans l'action directe et créative. Ils permettent aux personnes d'agir ensemble d'une manière décentralisée et non hiérarchique en attribuant au groupe d'affinité le pouvoir de la prise de décision. Des groupes d'affinité ont été utilisés d'une façon constructive lors des actions massives aux États-Unis contre la mondialisation (à Seattle, en 1997), à l'occasion de mouvements de protestation antinucléaire en Europe et en Amérique du Nord (à partir des années 1970) et dans le cadre d'autres actions non-violentes de plus ou moins grande envergure dans de nombreux pays.

Avec qui créer un groupe d'affinité ?

La réponse simple est : avec des gens que vous connaissez et qui ont des opinions identiques aux vôtres sur le ou les sujets en cause, ainsi que sur les méthodes d'action auxquelles recourir pour y faire face. Il pourrait s'agir de personnes que vous ayez rencontrées lors d'un séminaire de formation, avec lesquelles vous travaillez, que vous fréquentez ou avec lesquelles vous partagez votre vie. Il faut toutefois insister sur la nécessité que vous ayez quelque chose d'autre en commun que le sujet qui vous fait vous rapprocher, et que vous vous fassiez mutuellement confiance.

Un aspect important de l'appartenance à un groupe d'affinité est le fait de connaître les points de vue de chacun/e à propos de la campagne ou du sujet et ses méthodes d'action préférées. Cela peut supposer de devoir passer du temps ensemble, de débattre des sujets et des méthodes d'action, de réaliser ensemble une formation ou une activité en rapport avec son engagement (comme participer à un stage), ou de travailler à la façon de réagir à la tactique d'un adversaire ou de la police (contre-manifestations, campagnes de désinformation, agents provocateurs, par exemple). Vous devriez développer une conception commune de ce que vous attendez individuellement et collectivement de l'action/de la campagne, de la façon dont elle pourra se dérouler, du soutien extérieur qui vous sera nécessaire et de ce que vous pourrez vous-même donner aux autres. Cela facilite les choses d'être d'accord sur un certain nombre d'éléments fondamentaux concernant l'action : son degré d'activité, de spiritualité, de non-violence ; la profondeur de la relation, l'appréciation du risque d'être arrêté, à quel moment vous pourriez vous porter caution, votre point de vue politique d'ensemble, vos méthodes d'action, etc.

Fonctionnement d'un groupe

Travailler en groupe, que ce soit dans nos propres familles, à l'occasion de stages ou dans des structures permanentes, est une des activités sociales les plus élémentaires et représente une large part du travail pour le changement social. Il est par conséquent important que des groupes travaillant pour le changement développent des méthodes efficaces, satisfaisantes et démocratiques pour réaliser les tâches nécessaires, à la fois pour leur usage interne et pour les partager avec d'autres.

Éliminer les structures hiérarchiques et autoritaires est une façon de démocratiser les groupes, mais cela ne signifie pas qu'il faille rejeter toute structure quelle qu'elle soit. Un bon groupe a besoin d'encourager la créativité, le travail en commun et l'efficacité, en une combinaison favorisant le développement de la non-violence en nous-mêmes et dans notre société. Le bon fonctionnement d'un groupe résulte de structures coopératives et de la participation intelligente et responsable des membres du groupe.

Accords / Règles de base

Même s'agissant d'un groupe informel où chacun est décontracté, il est sage de définir un accord du groupe sur des règles de base. Un contrat de groupe ou un ensemble de règles pour le stage ou pour le groupe, que chacun accepte, est un fondement très utile pour le fonctionnement d'un groupe. On peut s'y référer si des difficultés se manifestent. Et l'on peut, cela va de soi, l'adapter ou le modifier. C'est le groupe qui décide ce qu'il y mettra. Par exemple, un groupe pourrait convenir de commencer les réunions à l'heure, de favoriser une participation égale de tou/te/s, de prendre les décisions par consensus, d'adopter des tours de parole pour faciliter le travail en groupe, que ne parle qu'une seule personne à la fois, que chacun ne parle qu'en son nom propre, de respecter la confidentialité, de ne pas faire obstruction à une question ni de la traiter de stupide, de ne pas permettre les agressions verbales, de ne pas proposer le nom d'un/e autre comme « volontaire », etc. Ces règles de base sont maintenant familières à bien des gens, de sorte qu'un/e facilitatrice/-teur pourrait esquisser une liste que le groupe sera ensuite en mesure d'adapter. Il est important que chacune des personnes du groupe donne clairement son assentiment afin que le « contrat » soit établi entre tou/te/s.

Un point pouvant nécessiter un éclaircissement est le sens du mot « confidentialité » pour un tel groupe. S'agit-il de ne rien rapporter du contenu du stage, ou cela signifie-t-il que les grands thèmes et ce qui a été fait peuvent être commentés mais qu'aucun propos ni action ne peut être attribué directement à quiconque, ou cela veut-il seulement dire qu'il ne faut pas répéter les récits personnels des membres du groupe ? Plus le stage sera long, plus intense ou personnel sera le sujet traité, moins les personnes seront habituées au travail de groupe, ou plus la question sera sensible, plus vous devrez consacrer de temps à éclaircir et définir les règles de base. N'oubliez pas que, si la situation du groupe change, il peut souhaiter revoir le « contrat » et décider de modifier les « règles ». C'est une différence importante entre des règles imposées à un groupe et des règles qu'un groupe définit d'un commun accord pour cheminer selon sa propre volonté.

(Asterisco) Voir aussi « Principes de la non-violence », p. .

Les évolutions sociales n'arrivent pas par miracle. Elles sont le résultat du travail de personnes engagées pour un monde de paix et de justice. Ce travail se fait au sein de groupes ou groupuscules de militantEs, au cours de discussions, de formations, et de réflexions sur les expériences passées, en préparant, en expérimentant et en apprenant les uns des autres. Se préparer à notre travail pour la justice social est la clé du succès.

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Deux livres d'Augusto Boal ont été traduits en turc, et plusieurs journaux ou revues ont présenté son travail et son « Théâtre de l'opprimé ». Nous utilisons habituellement ses méthodes lors de nos formations à la non-violence, en particulier le « théâtre sculpture » et la « dramaturgie simultanée » ; nous nous en servons aussi dans nos vies. Les techniques de Boal offrent des réponses simples et créatives à des situations stéréotypées ; par exemple, si quelqu'un vous fixe comme un objet sexuel, quoi de plus simple que de vous fourrer le doigt dans le nez ?

Théâtre sculpture (ou théâtre d'image)

Cette méthode utilise le langage du corps pour explorer des concepts. On demande aux participant/e/s de « sculpter » leur propre corps (ou celui d'un autre) pour exprimer une idée. Elles/ils rejoignent ensuite un groupe pour former une « sculpture » ou image d'ensemble. Nous avons ainsi exploré des concepts comme « la guerre » et « la paix » ; par exemple, en utilisant la forme des corps des participant/e/s et leur relation mutuelle pour exprimer différentes facettes du conflit dans la dynamique de la guerre. Nous demandons aussi au groupe de « dynamiser » la sculpture d'ensemble de la « guerre » en la transformant en « paix ». Cet exercice favorise une ambiance agréable et active dans le cadre de laquelle on peut débattre des obstacles que l'on risque de rencontrer durant la transition de la guerre à la paix.

Théâtre forum (ou « dramaturgie simultanée »)

Une méthode consiste à représenter un scénario dans lequel arrive quelque chose que vous souhaitez prévenir ou modifier. Vous réélaborez alors le scénario ; des personnes du public peuvent interrompre, demander un « gel » de l'action et formuler une suggestion pour un point que l'un des personnages pourrait faire d'une façon différente. La personne qui a fait la proposition assume alors le rôle du personnage en question et teste son idée. Nous avons utilisé cet exercice avec des groupes allant jusqu'à vingt femmes, en recourant au scénario du harcèlement sexuel à un arrêt de bus ou pendant un trajet. On demande aux participantes : « Que pourrait-elle faire pour empêcher ce harcèlement ? ». Lorsque quelqu'un présente une suggestion, il prend part au scénario pour tester son idée. Nous mettons en pratique dans notre vie personnelle une ligne d'action que nous avons apprise grâce à cette méthode et nous partageons cette expérience avec d'autres groupes et d'autres personnes. (Voyez l'exercice « Théâtre forum », p. .)

Théâtre invisible

C'est une « performance » qui se déroule dans la rue ou à un endroit inattendu, plutôt que dans un théâtre. Un bon endroit pour le faire à Izmir, c'est sur le ferry, en particulier à une heure de pointe. Une année, le 25 novembre – journée internationale contre les violences faites aux femmes –, nous avons représenté la scène d'un homme qui harcelait une femme. D'autres membres du groupe, qui étaient mêlés aux passagers, ont amorcé une discussion, en expliquant à la fin du court trajet en ferry que l'homme jouait un rôle et qu'il s'agissait en vérité d'un ami à nous, mais qu'en revanche le fait que des femmes vivaient tous les jours ce genre de situation était, lui, bien réel. Après notre deuxième expérience de théâtre invisible, nous avons invité des passagers à une conférence de presse après coup. Quelques-unes des femmes présentes ont souhaité garder le contact. Une fois, nous avons réalisé un « théâtre invisible » sur les enfants et la violence mais, quand nous avons eu fini, un des participants s'est plaint que nous l'ayons exposé à une mise en scène dérangeante contre sa volonté.

Théâtre journal

Cette méthode s'utilise généralement durant des actions de rue, notamment lorsque l'on fait des déclarations pour la presse ou que l'on recueille des signatures contre les violations des droits humains. Cela donne l'occasion d'attirer l'attention des personnes. Nous avons créé notre propre journal, qui ressemblait à un journal turc ordinaire, et nous l'avons lu au public du haut d'une estrade. Nous avons recouru à cette technique pour mettre en scène un fait de nos vies quotidiennes et attirer l'attention du public sur un point : qu'une guerre est toujours en cours en Turquie et que, alors que les médias ne couvrent pas cette actualité, nous devons en être conscients.

(Asterisco) Pour plus d'information sur le Théâtre de l'opprimé, rendez-vous sur la page http://www.theatreoftheoppressed.org.

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Nous ne disons pas que vous avez besoin d'une formation à la non-violence avant de descendre dans la rue pour coller une affiche ou distribuer un tract. Pas en tout cas dans la majorité des pays. Cependant, l'ensemble du processus que nous comprenons par « formation à la non-violence » — analyser les problèmes, envisager les options, définir les revendications, élaborer la stratégie de campagne, planifier les actions, préparer les actions, évaluer les actions ou les campagnes — peut accroître l'impact de votre groupe sur les autres, vous aider à mieux fonctionner pendant l'action en pesant mieux les risques et les problèmes qui se posent, ainsi qu'élargir l'horizon de vos actions. Fondamentalement, la formation à la non-violence aide à créer un espace sûr pour expérimenter et développer de nouvelles idées ou pour analyser et évaluer des expériences.

La formation à la non-violence peut aider les participant/e/s à se forger une compréhension commune de l'usage de la non-violence au cours des campagnes et des actions. C'est une situation d'éducation participative dans laquelle on peut acquérir de nouvelles compétences et désapprendre des comportements destructeurs et oppressifs que la société nous a enseignés. La formation à la non-violence peut renforcer un groupe, en développant un lien communautaire tandis que les gens apprennent à mieux travailler ensemble et éclaircissent leurs intentions. La formation à la non-violence peut nous aider à comprendre et à développer le pouvoir de la non-violence. Elle nous fournit l'occasion de partager nos soucis, nos craintes et nos sentiments et de débattre du rôle de l'oppression dans notre société et nos groupes. Individuellement, la formation contribue à la confiance en soi-même et à la mise au jour des interactions personnelles. L'objectif de la formation à la non-violence est d'autonomiser les participant/e/s afin qu'elles et ils s'engagent plus efficacement dans l'action collective. Le processus comprend plusieurs exercices et méthodes d'entraînement, dont certains sont inclus dans le huitième chapitre de ce manuel.

La formation à la non-violence peut préparer les personnes à participer à des actions directes non-violentes, enseigner des techniques de développement stratégique ainsi que les compétences nécessaires pour s'engager dans une stratégie, et travailler sur le fonctionnement d'un groupe et des questions liées à l'oppression. Les formations à la non-violence sont souvent employées pour préparer les gens à des actions spécifiques, pour apprendre à construire un scénario, à élaborer un projet et le mettre en pratique, à comprendre les problèmes légaux, et bien plus encore. Elles représentent une occasion pour un groupe de bâtir une solidarité et de développer des groupes d'affinité. Grâce aux jeux de rôles (voir l'exercice « Jeu de rôles », p. ), les gens peuvent apprendre à quoi ils peuvent s'attendre de la part de la police, des officiels, d'autres personnes participant à l'action, et d'eux-mêmes. Cela peut aider les personnes à décider si elles sont préparées pour participer à l'action. Les formations à la non-violence peuvent durer de quelques heures à quelques mois, en fonction de facteurs comme les besoins de la campagne et le calendrier, les objectifs de la formation, et l'expérience et disponibilité des participant/e/s et des formatrices/-teurs.

Voir « Points à aborder et outils pour organiser et animer les formations », p. , pour plus de détails sur l'organisation de formations à la non-violence. Rôle des formatrices/-teurs

Une formatrice à la non-violence est quelqu'un qui peut animer un groupe grâce à un processus d'apprentissage. Un formateur doit être connaisseur des thèmes de la formation, mais n'est pas censé être un monsieur ou madame je-sais-tout. Un objectif pour la formatrice est de conduire les participant/e/s à développer leurs propres idées, et non de dire aux gens ce qu'ils doivent penser et faire.

Nous comprenons bien que les groupes demandeurs d'une formation à la non-violence ne disposent pas tous de formateurs sur place. Mais quand les gens comprennent quelles sont les compétences nécessaires pour mener une formation, ils peuvent comprendre qu'ils ont déjà développé et utilisé certaines de ces compétences dans différents contextes. Vous pouvez créer une équipe formée de co-facilitatrices/-teurs qui apporteront ensemble leurs compétences et leur expérience. Autant que possible, l'équipe de formation devrait refléter la variété des participants, en étant composée de femmes et d'hommes et de personnes de différents âges et origines ethniques.

Besoins des formatrices/-teurs:

De bonnes compétences des fonctionnements d'un groupe et une connaissance de la dynamique de groupe. C'est le rôle de la formatrice de s'assurer que tout le monde participe et se sent capable d'échanger points de vue et expériences.

Une compréhension des actions et campagnes non-violentes. Si personne n'a d'expérience en la matière, le formateur doit utiliser des études de cas et des exercices pour aider le groupe à apprendre. Apprendre comment et quand utiliser les bons exercices, en étant réactive aux besoins et aux caractéristiques des groupes.

Thèmes possibles pour la formation à la non-violence

Histoire et philosophie de la non-violence et pratique de l'action non-violente. Dépasser les dynamiques d'oppression, ethniques/raciales et de genre (voir le chapitre 3 et les « Ressources » du chapitre 11). Élaboration d'une stratégie de campagne (voir chapitre 5). Prise de décision par consensus et prise de décision rapide (voir « Travailler en groupes », p. , et l'exercice « Prise de décision », p. ). Ce qu'est un groupe d'affinité et les rôles à l'intérieur du groupe (voir « Groupes d'affinité », p. , et « Rôles dans, avant et après une action », p. ). Compétences, par exemple au niveau légal et auprès des médias (voir « Aide légale », p. , et « Le rôle des médias », p. ).

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La non-violence renforce une campagne par trois voies :

1. Chez les participant/e/s à une campagne. En favorisant la confiance et la solidarité entre participants, chacun/e touche du doigt les sources de son propre pouvoir pour agir dans une situation. Beaucoup de gens ne savent pas à quel point ils peuvent être créatifs avant de recevoir le soutien des autres pour essayer de faire quelque chose de nouveau.

2. Par rapport à un adversaire de campagne. La non-violence vise soit à inhiber la violence d'un adversaire, soit à s'assurer qu'une répression violente de sa part aura un effet politique de « retour de flamme » à son encontre. Au-delà de cela, elle cherche à saper un des « piliers du pouvoir » institutionnel et oppressif (voir les exercices « Piliers du pouvoir », p. , ou « Spectre des alliés », p. ). Plutôt que de traiter des employé/e/s de nos opposants comme des outils inanimés, la non-violence essaie de créer pour eux les possibilités de remettre en cause leur allégeance.

3. Vis-à-vis d'autres personnes non encore impliquées. La non-violence change la qualité de la communication avec les passants ou les gens « extérieurs » — personnes qui ne s'intéressent pas encore au sujet ou qui ne sont pas actives, qui peuvent être des alliés potentiels.

Flecha : voir l'exercice « Spectre des alliés », p. Le pionnier de la recherche sur la non-violence a été Gene Sharp, qui a suggéré quatre mécanismes de changement chez celles/ceux qui s'opposent à un combat non-violent : a) conversion : en de rares occasions, une campagne va les persuader d'adopter son point de vue ; b) coercition : une campagne peut parfois contraindre des adversaires à faire marche arrière sans avoir emporté leur adhésion sur ce que les militant/e/s considèrent comme bien et mal ; c) arrangement : quand un adversaire cherche d'une certaine façon à « s'arranger » d'une campagne, en faisant une concession sans rien accepter des demandes de la campagne et sans rien lâcher de son pouvoir ; d) désintégration : un mécanisme que Sharp a ajouté après 1989, quand les régimes alignés sur l'URSS avaient tellement perdu de leur légitimité et avaient une si faible capacité d'autorénovation que, face à un défi lancé par le « pouvoir populaire », ils se sont désintégrés. Pour plus de détails, voir « Formes d'action », p. .

La recherche sur la non-violence a tendance à se pencher plutôt sur le dernier état d'un mouvement, notamment sur l'influence qu'il est parvenu à exercer sur celles et ceux qui détiennent le pouvoir. Ce manuel, pour sa part, vise plus à aborder les processus impliqués dans la mise en œuvre de campagnes, dans les solutions apportées concrètement à des questions tangibles, dans l'édification de stratégies de campagne, et dans la préparation et l'évaluation de l'action. Ce que nous écrivons repose solidement sur la pratique des mouvements sociaux, et en particulier sur nos propres expériences avec des mouvements pacifistes, antimilitaristes, contre le nucléaire et pour la justice sociale dans différents pays.

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Pourquoi un manuel sur des campagnes non-violentes vous intéresse-t-il ? Probablement parce que vous voulez contribuer à faire se produire quelque chose, ou peut-être parce que vous voulez que quelque chose ne se produise plus. Vous sentez peut-être que la non-violence peut offrir une alternative aux actions qui génèrent de l'hostilité et qui, en fin de compte, restent stériles, au moins du point de vue de la construction du changement social. Vous voulez peut-être simplement essayer quelque chose de différent ou apprendre quelques procédés pour améliorer la façon dont votre groupe organise déjà actions et campagnes.

Dans ce manuel, notre définition de travail de la non-violence est élémentaire ; elle est fondée sur la volonté d'en finir avec la violence — qu'il s'agisse de violence physique ou de ce que l'on a appelé la « violence structurelle » (misère, exclusion sociale et oppression) — sans commettre d'autre violence. Ce n'est pas une description définitive, dans la mesure où d'autres définitions existent, plus éloquentes, plus philosophiques, plus spécifiques d'une époque (autrement dit, qui ont eu un sens important dans un certain contexte) et même personnelles, voire poétiques.

La non-violence peut impliquer beaucoup plus que cette définition élémentaire, en incluant la volonté de modifier les relations de pouvoir et les structures sociales, une attitude de respect à l'égard de l'humanité et de toutes les formes de vie, ou même une philosophie de vie ou une théorie de l'action sociale. Nous vous encourageons à explorer ces domaines. Découvrir les différences d'appréciation et partager les points de vue sur la non-violence peut être une riche expérience dans la situation d'un groupe se préparant à engager une action non-violente collective.

Les gens adoptent la non-violence pour différentes raisons. Certain/e/s la recommandent parce qu'elles/ils la considèrent comme une technique efficace pour faire aboutir des changements sociaux souhaitables, d'autres parce qu'elles/ils visent à pratiquer la non-violence comme un mode de vie. Il y a ici tout un éventail de points de vue, beaucoup de personnes se trouvant au milieu. De telles différences peuvent affleurer au cours d'une campagne, mais une affirmation de principes ou de lignes directrices lors une campagne particulière (voir « Principes de l'action non-violente », p. , et « Lignes directrices non-violentes », p. ) permet généralement de satisfaire des personnes ayant des positions dispersées à travers l'éventail.

Certaines différences de compréhension, cependant, peuvent être à l'origine de frictions au cours d'une campagne et doivent être abordées ouvertement. Par exemple, il est des personnes qui soutiennent que les méthodes de la non-violence devraient être mises en œuvre dans le dessein d'engager un conflit et de gagner ; d'autres soutiennent que la clé d'une attitude non-violente est de viser une solution inclusive à l'égard de celles/ceux qui sont aujourd'hui des adversaires. L'essentiel, lorsqu'une telle divergence se présente, n'est pas que les participant/e/s à la campagne discutent de leurs positions de base, mais qu'elles/ils parviennent à s'accorder sur les points concernant cette campagne donnée. Cette situation particulière (lorsque certain/e/s cherchent à « gagner » et que d'autres visent une solution inclusive) aurait une incidence sur les revendications et la stratégie de négociation menées par les militant/e/s engagé/e/s dans la campagne.

La question des dommages causés à la propriété peut être un facteur de division. Certain/e/s militant/e/s non-violentes visent à éviter les dommages matériels tandis que d'autres pensent qu'il s'agit d'un coût qu'il est valable infliger à l'adversaire. La valeur des lignes directrices des campagnes ou des actions est discutée au chapitre 5. Les différentes attitudes sur un point comme le dommage aux propriétés pourraient faire l'objet d'un débat nécessaire lors de la définition de ces lignes directrices. De telles discussions ne devraient pas être repoussées jusqu'au moment où une action est en marche. Pour certain/e/s, agir de façon non-violente signifie éviter d'avoir un comportement hostile à l'égard des adversaires, voire « chercher ce que chacun/e a de bon en elle/lui », tandis que d'autres militant/e/s non-violentes pourraient chercher à « faire honte » à un/e adversaire, ou la/le qualifier de « criminel/le de guerre » ou « tortionnaire », de « raciste » ou de « corrompu ». La question des noms ou des termes insultants à utiliser pourrait tout à fait être abordée dans les lignes directrices d'une action, mais les différences sous-jacentes et les éventuelles combinaisons d'attitudes peuvent être discutées beaucoup plus profondément par le biais des « groupes d'affinité » présentés dans le chapitre sur la préparation à l'action non-violente (voir « Groupes d'affinité », p. ). De tels groupes visent à constituer des « espaces sûrs » pour exposer des doutes, mais aussi pour un apprentissage mutuel. Des membres de groupes d'affinité peuvent se saisir d'une formule communément associée à l'action non-violente — comme « dire la vérité au pouvoir » —, chacun/e expliquant ce qu'elle signifie pour lui et quelles sont les questions qu'elle pose, en partageant les points de vue et en approfondissant la compréhension qu'a l'autre de ce que l'on essaie de faire ensemble.

Une attitude courante chez les personnes non-violentes est de vouloir que nos activités soient une expression de l'avenir que nous nous efforçons de créer, ce qui pourrait correspondre à ce que Mohandas Gandhi appelait un « programme constructif » (voir p. ) mais aussi à l'idée que nous-mêmes ou notre mouvement « incarnons la paix », que notre comportement reflète le monde même auquel nous aspirons. Quand nous employons des formules comme « dire la vérité au pouvoir », « affirmer la vie » ou « respecter la diversité », nous invoquons des valeurs fondamentales qui sont elles-mêmes une source de force pour nous et un point de contact avec celles/ceux que nous cherchons à atteindre.

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Durée : 20 minutes au minimum.

Objectif ou visée de l'exercice : Aider un groupe à définir ce qu'est une action non-violente efficace. Montrer différentes perceptions de la non-violence. Éprouver ou élaborer une proposition spécifique pour l'action non-violente efficace, à laquelle le groupe adhère.

Mode d'emploi / Notes pour la facilitation

Faites une grande croix (+) sur le sol avec du ruban adhésif opaque ; elle sera suffisamment longue pour former une grille où les membres du groupe pourront tous trouver place. Écrivez « Non-violent » et « Violent » aux deux extrémités de l'une des lignes et « Efficace » et « Inefficace » aux deux extrémités de l'autre. (Faute d'adhésif, vous pouvez simplement inscrire ces quatre mots sur des feuilles de papier placées à quatre côtés opposés.) Présentez un scénario d'action possible ; demandez à chacun de se placer dans la grille à l'endroit qui représente son appréciation personnelle (par exemple, « non-violent et/mais inefficace »). Demandez à certains d'expliquer pour quelle raison elles/ils se sont placés à l'endroit où elles/ils se trouvent. Précisez que, si certains participant/e/s sont « ébranlés » parce ce qu'ils entendent, ils peuvent changer de place.

Si l'intention de l'exercice est de faire émerger une action non-violente efficace pour une situation définie, utilisez des suggestions de scénario qui feront bouger les personnes vers le coin « non-violent et efficace ». À mesure que la discussion avance, dressez une liste de ce que les participant/e/s considèrent comme nécessaire pour rendre une action plus efficace et non-violente (par exemple former chacun des personnes, un travail de qualité avec les médias, etc.). Si l'intention est de montrer différentes perceptions de la non-violence, suggérez une large gamme de scénarios (de votre cru ou venant des participant/e/s mêmes).

Posez des questions pour que le groupe approfondisse sa réflexion sur ce qui est efficace et non-violent. En fonction de l'intention de l'exercice, celui-ci peut être réalisé en seulement 20 minutes pour montrer la disposition d'esprit des personnes sur les actions ; il peut être prolongé jusqu'à ce que soit élaboré un scénario satisfaisant d'action non-violente, si tel est l'objectif. C'est aussi un bon exercice à utiliser conjointement avec un remue-méninges.

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Durée : 30 minutes.

Objectif ou visée de l'exercice : mettre le doigt sur des situations d'insécurité ou de peur et acquérir de la confiance en soi-même et dans le groupe entier.

Mode d'emploi / Notes pour la facilitation

Formez un cercle étroit de six ou sept personnes, avec une personne au milieu. Demandez à la personne du milieu de poser solidement ses pieds sur le sol, de fermer les yeux et de se laisser tomber d'un côté (comme un arbre agité par le vent). Demandez au reste des membres du groupe de placer leurs mains devant elles/eux et de faire passer de l'un à l'autre la personne du milieu, sans aucun mouvement brusque, en évitant qu'elle ne tombe. C'est important que l'ensemble des personnes du cercle se coordonnent pour que « l'arbre » se déplace d'un côté à l'autre. Après une minute, demandez à une autre personne du groupe de se placer à son tour au milieu. C'est important que tout le monde participe de la sorte, afin que les expériences puissent être partagées par tous.

Une fois que chacun a été au milieu, sur une grande feuille de papier, notez les sensations et les expériences éprouvées par l'ensemble des participant/e/s durant le jeu. Montrez les liens entre ces impressions ressenties et la peur. Comparez certaines situations réelles où la peur fait son apparition, ou certaines conséquences de la peur, avec ce que le groupe a dit. Faites le bilan des conséquences de la peur et de ce qui peut être fait pour la surmonter.

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Forces armées Passivité de la classe moyenne et des intellectuels Passivité des travailleuses/-eurs

Durée : 30 minutes au minimum.

Objectif ou visée de l'exercice :

Identifier les piliers qui soutiennent les structures d'un pouvoir dont nous voulons venir à bout. Analyser ces piliers dans l'intention d'élaborer des stratégies pour les affaiblir. Identifier la vulnérabilité des structures de pouvoir. Mode d'emploi / Notes pour la facilitation

Décrivez les piliers

1. Dessinez un triangle pointe en bas et des piliers qui le soutiennent sur les côtés. Écrivez le nom du problème à l'intérieur du triangle. Il peut s'agir d'une institution ou d'une injustice (par exemple, « la guerre »).

2. Demandez au groupe d'identifier les piliers représentant les institutions et les facteurs qui soutiennent le problème (par exemple l'armée, les grandes entreprises, les citoyen/ne/s patriotes). Soyez précis quant aux éléments des structures de soutien (l'armée, par exemple, comprend le ministère et l'administration civile, les soldats, les vétérans, les familles des militaires...) ; ce sera profitable quand nous analyserons de quelle façon affaiblir la structure.

3. Identifiez les principes sous-jacents qui constituent les fondations des piliers (par exemple le sexisme, la cupidité, les mensonges).

Analysez un pilier

Choisissez un pilier que votre groupe veut faire tomber. Tenez compte de la raison d'être de votre groupe lorsque vous prenez cette décision. Dessinez un autre ensemble de piliers, en écrivant à l'intérieur du triangle le nom de l'institution choisie. Analysez maintenant ce qui soutient le problème en question. Cela peut devenir le fondement de l'élaboration de votre stratégie.

Expliquez au groupe que, même s'il semble difficile d'ébranler le problème, le triangle inversé symbolise sa faiblesse. Il n'est pas nécessaire de faire tomber des piliers entiers pour affaiblir le pouvoir ; affaiblir les piliers peut produire de grands effets.

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Durée : 30 minutes ou plus.

Objectif ou visée de l'exercice : aider les participant/e/s à connaître la riche histoire des campagnes non-violentes et à acquérir une meilleure compréhension des campagnes, des tactiques et des mouvements.

Mode d'emploi / Notes pour la facilitation

Demandez aux participant/e/s de se séparer en petits groupes de cinq à six personnes (les groupes doivent être équilibrés). Demandez à une personne de chaque groupe d'inscrire les chiffres de 1 à 10 sur une feuille de papier. Dites aux groupes qu'ils sont tous en compétition pour voir lequel effectuera le plus rapidement la tâche imposée (contrairement à notre style coopératif habituel). Dites à chaque groupe de faire le plus vite possible une liste de 10 guerres, en levant la main quand ils ont fini. Notez tranquillement le temps qu'il leur a fallu. Demandez-leur alors de dresser une liste de 10 campagnes non-violentes et de lever à nouveau la main quand c'est fait. Remarquez au passage qu'il sera probablement plus long d'obtenir la liste des campagnes non-violentes que celle des guerres (même si nous ne reviendrons pas ici sur ce point).

En commençant par le groupe « vainqueur », écrivez une liste des campagnes non-violentes sur un tableau mural. Demandez aux autres groupes de compléter la liste. Il y aura vraisemblablement un mélange de mouvements, de tactiques, de campagnes, etc. Notez tout cela ; utilisez la liste pour expliquer les différences, de sorte que les participant/e/s puissent apprendre des choses sur les processus stratégiques et la façon d'élaborer des stratégies efficaces. Par exemple, la liste peut comprendre « anti-apartheid » (un mouvement), « Marche du sel » (une campagne) et « sit-in » (une tactique). À partir de la liste, demandez aux participant/e/s de décrire les éléments d'une campagne, d'identifier les tactiques et de décrire ce qui constitue un mouvement. Servez-vous d'une campagne connue comme étude de cas, afin d'expliquer l'élaboration stratégique des campagnes non-violentes. Vous pouvez aussi recourir à cette liste pour présenter aux participant/e/s des campagnes qui ne leur sont pas familières. Cette liste peut devenir la base d'autres débats. Ajustez la durée en fonction des besoins et de la compétence du groupe.

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