Multinationales & Militarstion en Équateur

Depuis les dernières semaines de novembre et pendant tout décembre 2007, l'état d'urgence, avec militarisation de la zone, a été décrété à Orellana, région amazonienne d'Équateur. Les raisons en sont principalement les actions des habitants de la colonie de Dayuma qui protestent de l'abandon dans lequel les laissent le gouvernement équatorien.

Cette militarisation et cette répression ont mené à plusieurs arrestations et à des entrées illégales dans les domiciles violant ainsi les droits élémentaires des résidentEs, alors que celleux-ci demandaient juste que leurs besoins élémentaires puissent être satisfaits.

Mais quelle est la vraie raison pour que l'État équatorien militarise cette province ?

La province accueille des compagnies pétrolières, étatiques comme multinationales, bien établies telles la Repsol-YPF (Espagne), la Petrobell (Canada), Petrosud-PetroRivas (Argentine), Perenco (France), SIPEC/ENAP (Chili), Petrobrás (Brésil) et Petroecuador (Équateur), parmi d'autres.

L'état d'urgence a en fait été décrété pour assurer à ces compagnies pétrolières de pouvoir continuer à exploiter tranquillement l'or noir avec pour résultat, une population de Orellana menacée, réprimée et emprisonnée.

La justification du gouvernement équatorien est que rien ne peut entraver « le développement du pays », et de ce fait, le pétrole équatorien devrait être exploité à tout prix. Selon les propres mots du président équatorien, Rafael Correa: «Ce ne sont pas les communautés qui manifestent mais un groupe de terroristes.

Les populations de l'Est ne supportent pas les environnementalistes romantiques, et ce sont ces gauchistes infantiles qui veulent déstabiliser le gouvernement. Ne les croyez pas. Toute personne qui s'oppose au développement du pays est un terroriste.

Des terroristes manipulent les habitants en disant que nous oublions leurs territoires. Ne vous laissez pas décevoir.

Le gouvernement recherchent ceux qui sont derrière tout cela. Nous avons même des informations comme quoi une partie de l'église en ferait partie. Nous espérons cela faux car ce serait terrible si des gens d'église étaient impliqués.

Le gouvernement ne permettra pas que soit arrêtée l'exploitation des minerais et du pétrole.

Je fais référence à Ecuacorriente [l'entité équatorienne d'une entreprise minière canadienne] dont les millions permettront au pays de sortir du sous-développement. Nous en avons besoin pour construire des écoles et des hôpitaux.

Il est plus immoral d'éviter le rapport coût/bénéfice entre l'exploitation de l'ITT [les gisements pétrolifères] et les percées effectuées dans la jungle, parce que nous avons besoin de l'argent de l'exploitation minière et pétrolière. J'affirme donc que c'est plus immoral de laisser mourir la population pour défendre des oiseaux et des arbres ».

Cela confirme encore qu'en Équateur, tout comme dans d'autres pays du monde, les intérêts des multinationales passent avant ceux de la population. De plus, l'armée équatorienne possède un consortium d'entreprises qui sont parmi les vingt-cinq les plus importantes en Équateur ; et nombre de ces entreprises sont des fournisseurs de l'industrie pétrolière. Pour exemples, Cuerpo de Ingenieros del Ejército (le Corps des Ingénieurs de l'Armée) a obtenu une série de contrats pour la construction d'une autoroute dans la forêt amazonienne, et l'armée de l'air est en contrat avec des compagnies pétrolières pour l'utilisation d'hélicoptères au transport de matériel pour les tours de distillation.

Les multinationales pétrolières sont les vrais interlocuteurs pour la guerre, vu qu'elles tiennent l'État et l'armée à leur main, obligeant ceux-ci à menacer et réprimer les populations de manière à poursuivre l'exploitation du pétrole et maximiser les profits de ces multinationales.

Il est logique pour ces entreprises de vouloir extraire tant et plus de pétrole, celui-ci se négociant à plus de 100 dollars US le baril, l'exploitation du pétrole n'a jamais été aussi lucrative. En outre, l'État ne touche que 20 % pour chaque baril sorti d'Amazonie équatorienne. Ainsi, pour un baril à 60 dollars US, l'État ne perçoit que 12 dollars. Cependant, ceci devrait changer du fait de décrets permettant à l'État d'augmenter ses revenus.

Avec ce fonctionnement qui favorise les profits des compagnies pétrolières au détriment des droits de la population du pays, l'État fait ce qu'il veut de la population la qualifiant de terroriste, délinquante, fanatique, etc. Un peu dans le style des discours de Bush, en tentant de criminaliser la mobilisation populaire.

Le pouvoir des multinationales du pétrole sur l'armée et l'État en Équateur est tel que le militaire qui vient dans un village pour une arrestation est souvent accompagné d'un représentant de l'industrie pétrolière, sous-entendant subtilement que la compagnie pétrolière est à l'origine de l'arrestation.

Aujourd'hui encore, des personnes sont arrêtées et détenues de par la situation à Dayuma. Elles seront poursuivies pour terrorisme, actions contre l'État, parmi d'autres chefs d'inculpation.

Pour plus d'information sur la situation à Arellana ou pour soutenir les personnes arrêtées sont à visiter les sites Internet : www.accionecologica.org, www.cedhu.org, www.inredg.org/. Ils contiennent des informations détaillées sur la situation dans la région, et sur les derniers évènements s'y déroulant.

Xavier Leon

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